Dans un monde où la demande en produits agricoles ne cesse d’augmenter, il devient crucial de trouver des méthodes de production plus durables et respectueuses de l’environnement. Les associations de culture constituent une approche innovante permettant de maximiser les rendements tout en minimisant les impacts négatifs sur les écosystèmes. Cette pratique consiste à combiner deux ou plusieurs cultures dans le même espace, afin d’améliorer leurs conditions de croissance mutuelles.
Les bienfaits des associations de culture
Les avantages des systèmes d’association de culture sont nombreux et variés :
- la diversification des espèces, qui favorise la biodiversité et peut réduire les risques liés aux monocultures ;
- la gestion des ravageurs et maladies, grâce à l’utilisation de plantes compagnes ayant des propriétés répulsives ou attractives pour les insectes nuisibles ;
- l’amélioration de la fertilité du sol, par la complémentarité des besoins en nutriments des différentes cultures associées;
- l’utilisation plus efficace des ressources (eau, nutriments), en évitant la compétition entre plantes et en optimisant la disponibilité de ces ressources ;
- l’augmentation du rendement, avec une production plus élevée pour une même surface cultivée.
Des exemples d’associations de culture réussies
Les associations de culture ont été pratiquées depuis des millénaires dans diverses régions du monde. Voici quelques exemples issus de différentes cultures et traditions agricoles :
Le système des Trois Sœurs chez les Amérindiens
L’un des exemples les plus connus est le système des Trois Sœurs, utilisé par les Amérindiens d’Amérique du Nord. Il consiste à cultiver ensemble le maïs, les haricots et la courge. Le maïs sert de soutien aux haricots grimpants, tandis que les courges couvrent le sol et limitent la pousse des mauvaises herbes. Les haricots fixent l’azote atmosphérique dans le sol, bénéfique pour les deux autres plantes. Cette association permet donc d’optimiser l’utilisation de l’espace et des ressources, tout en améliorant la fertilité du sol.
La riziculture associée en Asie
En Asie, la riziculture a souvent été pratiquée en association avec d’autres cultures ou élevages. Par exemple, on peut citer :
- la culture du riz et des poissons, où les poissons contribuent à la gestion des ravageurs et maladies, ainsi qu’à la fertilisation du sol grâce à leurs déjections;
- la culture du riz et des légumineuses, pour améliorer la fixation d’azote et réduire les besoins en engrais chimiques;
- la culture du riz et des canards, où les canards contribuent à la lutte contre les insectes nuisibles et les mauvaises herbes, tout en fertilisant le sol.
L’agroforesterie en Afrique et en Amérique latine
Les systèmes agroforestiers combinent la culture de plantes annuelles ou vivaces avec des arbres, afin de tirer profit de leurs interactions bénéfiques. En Afrique et en Amérique latine, divers exemples d’associations agroforestières ont montré des résultats prometteurs :
- la culture du cacao sous ombrage, où les arbres protègent les cacaoyers du soleil et des vents forts, tout en fournissant de l’humus par leur chute de feuilles;
- la culture de caféiers associés à des légumineuses, qui améliorent la fertilité du sol et réduisent les besoins en engrais;
- la culture de maïs en association avec des arbres fixateurs d’azote, comme le Gliricidia sepium, pour réduire les besoins en engrais azotés et améliorer la production.
Comment réussir une association de culture
La mise en place d’une association de culture nécessite de prendre en compte plusieurs facteurs, afin de maximiser les synergies entre les plantes et d’éviter leur compétition. Voici quelques conseils pour réussir :
Choisir des espèces complémentaires
Il est essentiel de sélectionner des espèces ayant des besoins différents en termes de luminosité, d’eau et de nutriments, afin qu’elles puissent coexister sans se concurrencer. Par exemple, on peut associer une culture à croissance rapide et gourmande en azote, comme le maïs, avec une légumineuse fixatrice d’azote, comme le pois ou la fève.
Tenir compte du cycle de vie des plantes
Pour éviter la compétition entre plantes, il convient également de prendre en compte leur rythme de développement et leur durée de vie. On peut par exemple associer des cultures annuelles à des vivaces, ou des plantes à croissance rapide à des plus lentes.
Optimiser l’espace et la disposition des cultures
L’agencement des différentes cultures est crucial pour favoriser leurs interactions positives. Il peut s’agir de séparer les cultures en bandes, en carrés, ou de les mélanger au sein d’un même espace. La densité de plantation doit être ajustée en fonction des besoins propres à chaque espèce.
Voici quelques exemples d’associations de culture :
| Légumes | Associations Favorables | Fleurs Compagnes et leurs bienfaits |
|---|---|---|
| Tomates | Carottes, Céleri, Oignons | Œillet d’Inde (repousse les nématodes), Basilic (améliore la saveur et repousse les insectes) |
| Carottes | Tomates, Pois, Laitue | Camomille (améliore la croissance et la saveur), Souci (repousse les mouches et les nématodes) |
| Laitue | Carottes, Radis, Fraises | Capucine (repousse les pucerons), Souci (éloigne les nuisibles) |
| Radis | Laitue, Pois, Carottes | Œillet d’Inde (éloigne divers nuisibles), Mufliers (attirent les pollinisateurs) |
| Épinards | Fraises, Crucifères | Cosmos (attire les insectes bénéfiques), Myosotis (attire les pollinisateurs) |
| Haricots | Carottes, Chou | Calendula (attire des prédateurs de nuisibles), Nasturtium (repousse les pucerons et les coléoptères) |
| Pois | Carottes, Concombres, Radis | Cosmos (attire les insectes bénéfiques), Lavande (repousse les pucerons) |
| Courgettes | Épinards, Haricots | Souci (repousse de nombreux nuisibles du sol), Bourrache (attire les abeilles) |
| Basilic | (Herbe, mais bon avec tomates) | Lavande (attire les pollinisateurs), Pétunia (éloigne certains nuisibles) |
| Oignons | Carottes, Betteraves, Tomates | Camomille (améliore la saveur et attire les insectes utiles), Tagète (repousse les nuisibles) |
